Mystique

Renouveau de la Tradition nordique

Ce que l’on désigne aujourd’hui sous le terme « Tradition nordique » regroupe l’ensemble des croyances et pratiques spirituelles des anciens peuples scandinaves et germaniques.

Lui donner un point d’origine n’est pas chose aisée mais archéologues et historiens s’accordent pour situer sa naissance vers 1800 av. J.-C. environ.

Cette tradition remontant donc à l’Age du Bronze fut dans son premier essor chamaniste et animiste.

Il n’existait aucun Dieux, dogmes ou lieux de cultes précis, comme en témoigne les quelques récits historiques qui nous sont parvenus :


« Les Germains du Nord n’ont ni Druides qui président au culte des Dieux, ni aucun goût pour les sacrifices, ils ne rangent au nombre des Dieux que ceux qu’ils voient et dont ils ressentent manifestement les bienfaits, le soleil, le feu, la lune. Ils n’ont même pas entendu parler des autres. » Jules César, De Bello Gallico, VI, 21 (50 av. J.-C.)

« Ils répugnaient à présenter leurs Dieux sous formes humaines, ils leur semblent peu convenable à la grandeur des habitants du ciel, ils leurs consacrent les bois, les bocages et donnent le nom de Landvaettir (Esprits des Lieux) à cette réalité mystérieuse que leur seule piété leur fait voir. Aucun de ces peuples ne se distingue des autres par rien de notable, sinon qu’ils ont un culte commun pour Nerthus c’est-à-dire la Terre Mère, et croient qu’elle intervient dans les affaires des hommes et circule parmi les peuples. » Tacite, Germania, IX, 3 (an 98)

Un certain nombre d’auteurs du Nordisme et du Celtisme mettent en exergue une croyance ancestrale commune en une Grande Déesse Mère de la création et de la vie, en harmonie avec les Forces et les Eléments naturels qui régissent l’univers.

Cependant avec l’évolution du schéma social (de la tribu vers le clan) et sûrement influencé par les échanges avec d’autres peuples, cette croyance se changea doucement en un modèle classique et hiérarchisé tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Au IIème siècle, les grands principes (archétypes) découlant de la Nature (et de l’humain lui-même) furent séparés pour évoluer vers une représentation anthropomorphique des Dieux. Le Panthéon nordique ainsi créé trouva son apogée sous l’ère Viking (793 – 1066).

À l’origine « les pères des Vikings » croyaient en une Déesse Mère et aux grandes forces naturelles que sont le soleil, l’eau, la terre, l’air, le feu et la vie, qu’ils ont représentés plus tard par la création d’un panthéon qui compte notamment Odin (Yggr, le redoutable), Odr (fureur), Thor (tonnerre), Jord (terre), Frigg, Freyja (dame), Fjörgyn (il/elle, qui favorise la vie), Sól (le soleil), Máni (le lune), Baldr et Freyr, (seigneur), Surtr (noir du feu), Mímir (mémoire), Bragi (parangon), Logi/Loki (flamme), … et le grand arbre Yggdrasill. Les Landvaettir sont les esprits tutélaires des lieux naturels tels que les collines, arbres, cascades, pierres… Régis Boyer

Les croyances vikings/germaines d’avant la christianisation sont mal connues.


La mythologie viking fut réinventée de toutes pièces par les moines chrétiens, lors de la période normande.

De même, au XIIIème siècle, des auteurs islandais comme Snorri Sturluson (1179 – 1241) et Saxo Grammaticus (v. 1150 – v. 1220) s’efforcèrent de reconstituer un panthéon organisé autour de quelques grands Dieux, mais deux siècles de conversion au Christianisme et d’éradication de l’ancienne foi ont laissés beaucoup d’erreurs dans leurs chroniques.

Pour comprendre la Tradition nordique et sa puissance, il est capital de pleinement saisir les valeurs chamaniques qui y sont profondément ancrées.

Le Panthéisme des débuts a enfanté des principes importants qui sont à la base de la Société et la Moralité nordique.

Les Vikings par exemple ne sont en aucun cas des fatalistes subissant le destin (Wyrd). Ce sont avant tout des combattants et des hommes libres qui décident de leur sort au risque de déplaire aux Dieux. Ils croient également à la Magie et à la Divination pour percer les projets de leurs ennemis, des Dieux et des Forces tutélaires.

On peut changer le cours des événements, anticiper sur le destin, et donc le modifier, car rien n’est écrit définitivement.

Les Scandinaves ont toutefois un profond respect pour les Dieux car ils les considéraient comme des proches parents.

Beaucoup se disaient même être de leur lignage et en avoir hérité de leurs dons. Il n’existe donc aucune véritable séparation entre le Monde des Dieux, des Héros et celui des Humains.

Néanmoins et à ce titre les Vikings se devaient de respecter un code d’honneur inhérent à leur prestigieuse lignée qui était représentée par une force tutélaire qu’ils nommaient la Hamingja.

Toujours en suivant ces héritages chamaniques, un statut particulier était accordé aux peuples invisibles de la Nature, à la femme, ainsi qu’à certains animaux sacrés (totem), comme le loup, l’ours, le cheval, le sanglier et le corbeau. Ceux-ci se voyaient attribuer des pouvoirs fabuleux et possédaient une place importante dans les Rituels et les Traditions.

Ásatrú, le paganisme nordique

Même si historiquement la Spiritualité nordique a disparu avec la conversion au Christianisme, ses Traditions, ses Rites et sa Magie ont perduré jusqu’à nos jours.

Cette connaissance du Peuple (Folklore) trouva sa résurgence à travers l’Ásatrú signifiant littéralement « Foi en les Ases ».

Cette nouvelle religion s’inscrit dans un mouvement appelé Reconstructionisme qui vise à faire revivre les religions ethniques qui existaient avant l’arrivée des religions monothéistes.

N’étant pas structurés, les Ásatrúar croient (métaphoriquement ou non) en un certain nombre de préceptes communs :

La croyance en l’existence des Neuf Mondes représentés par l’arbre Yggdrasil :
Soit Ásgarðr, (le monde des Ases), Ljösláfheimr (le monde des Elfes lumineux), Vanaheimr (le monde des Vanes), Jötunheimr (le monde des géants), Miðgarðr (le monde du Milieu, c’est-à-dire la Terre), Muspellsheimr (le monde du feu), Nilfheimr (le monde des brumes), Svartalfheimr (le monde des Elfes sombres), Helheimr (un des royaumes de la mort).

La croyance générale en de « nobles vertus » en guise de code d’éthique.
La croyance en un panthéon divin propre aux peuples scandinaves (Ases et Vanes).
La croyance en un panthéon mineur (les elfes dit Alfar, les Valkyries, les Landvættir, etc.).
Le culte des ancêtres.
Le pouvoir magique et divinatoire des Runes

L’utilisation de symboles spécifiquement scandinaves :
Le Marteau de Thor Mjollnir, le Valknut, Irminsul, le Fylfot, la Croix odinique, Cœur de Hrungnir, etc.

La modernité étant incompatible avec l’organisation clanique de naguère, certains rites et fonctions furent donc réactualisés. Ainsi les Ásatrúar se réunissent actuellement en petits groupes nommés Kindred (en. parenté). Les Kindreds ne sont pas sans rappeler les assemblés Þing (en. thing) datant de l’époque Viking.

Lorsque ces réunions prennent un aspect rituel, un maître de cérémonie temporaire peut être désigné parmi l’assemblée : le Goði.

Le Goði est historiquement le chef de clan qui, de par ses fonctions, procède au cérémonies, mariages etc… Les Kindreds actuels étant fondés sur la démocratie, il n’existe pas de chef et il ne faut pas voir le Goði comme un prêtre. C’est juste un membre qui est temporairement investi d’une fonction divine.

Le Kindred est aussi le moment d’échanger sur sa foi ou sur le monde, et la coutume populaire associée est celle de la libation avec le Symbel (ou Sumbl). Le Symbel est un Rite autrefois nommé Drekka mini (boire à la mémoire de) dans lequel une boisson est passée d’une personne à l’autre d’une assemblée réunie en cercle.

Selon un Rituel précis, on consomme une bière forte « mungát » spécialement brassée à laquelle on a ajouté du miel. Le maître de maison prononce des paroles sacrées (gandr) sur la corne avant de la faire circuler. D’après les sagas, il existe trois façons de boire : sveitardrykkja (boire une seule gorgée à tour de rôle), tvímenningr (boire en couple chacun une moitié de corne) et einmenningr (boire seul la corne en entier) .

En dehors de tout les aspects et pratiques personnelles (Divination, Magie runique, Autel personnel) que peuvent prendre l’Asatru, il existe aussi des cérémonies de groupe qui sont qualifiées de sacrées ou magiques. Parmi les plus connues, on distingue les Blót (sacrifice) et le Seidr (pratiques chamaniques).

Blót, du Sang pour les Dieux

Blót en l’honneur de Thor.

Le Blót était un sacrifice offert aux Dieux dans l’optique de s’en accorder les faveurs.

Il se déroulait au cours d’une cérémonie festive mêlant banquet (blótveizla), libation (symbel) et augures. La plupart du temps, on y effectuait une mise à mort rituelle d’animaux comme le cochon ou le cheval. La viande était ensuite bouillie tandis que le Sang (considéré comme magique) était répandu sur les statues des Dieux ou sur les participants eux-mêmes.

Le rôle du sacrifié était très important et dans ce sens, il arriva qu’en cas de grande détresse sociale (famine, guerre etc.), des participants se portent volontaire pour le bien de la communauté.

Ce fut le cas du roi Domalde de la dynastie suédoise des Ynglingar qui se sacrifia pour que les récoltes soient abondantes et nourrissent son peuple.

Après le sacrifice, le banquet, la libation venait le temps des augures et des serments solennels (voeux).

Les hommes prenaient conseils sur leur avenir et se fixaient des objectifs pour honorer le clan et les Dieux. C’est le heitsstrenging où le paroxysme de la tension se double de l’ivresse pour ainsi exalter la force vive de l’homme en communion avec la Divinité.

De nos jours, même si le mot Blót lui-même renvoie à l’idée de sacrifice, il faut désormais le prendre au sens de « vénération ».

Les offrandes de sang ont été remplacées par des denrées et de l’alcool (hydromel, bière) et l’idée sous-jacente du Rituel ressemble davantage à une invitation et une dévotion qu’à un sacrifice. La nourriture et la boisson seront consommées par les participants en omettant la part des Dieux qui sera versée dans un puits sacrificiel nommé Blótkelda ou dans une source sacrificielle nommée Blótgröf.

De plus, sous l’influence de la Wicca, la Roue du Temps fut inscrite avec les Blót originaux (liste ci-dessous) qui se tenaient eux aussi à date fixe.

  • Le 21 mars : le Dísarblót national (à tous les neuf ans)
  • Entre le 9 et le 15 avril : Sigrblót (sacrifice pour la victoire)
  • Le 15 au 22 mai : SóknarÞing (le règlement des peines)
  • Le 22 au 30 mai : SkuldaÞing (le règlement des dettes)
  • Le 15 juin au 1er juillet : Midsumarblót – AlÞing
  • Le 21 septembre : le LeidÞing – Haustblót – Álfablót
  • Le jeudi suivant le 13 octobre : Vetrnætr – Dísarblót local
  • Le 21 décembre au 1er janvier : Jól – Jólablót

Seiðr, la Transe chamanique

Au sein de la Tradition nordique la Magie et la Prophétie sont plutôt du ressort des femmes car ces Arts découlent directement du savoir de la Déesse Freyja (dame, all. Frau).

Freyja (Famille des Vanes) est l’archétype de la Grande Déesse, à l’image de sa mère Nerthus. C’est une Déesse Triple qui combine différents aspects bien distincts.

 Elle possède ainsi les mêmes attributs que Vénus en tant que Déesse de l’amour, de la beauté et de la fertilité. Mais aussi ceux d’Hécate comme Déesse de la Magie et des Prophéties. Et enfin ceux de Minerve en tant que Déesse de la guerre, de la bataille et de la mort. On la considère comme la première des Valkyries. Elle accueille ainsi dans son palais Sessrumnir la moitié des guerriers tombés au combat (les Défendants). L’autre moitié ira rejoindre Odin au Valhalla (les Attaquants).

Mais Freyja est aussi la maîtresse de Odin (chef des Ases), celle qui lui enseignât la Magie et le Chamanisme.

Le Seidr serait donc l’art royal intimement lié au parèdre Freyja/Odin.

Ainsi le Seidr semble bien appartenir à la Magie de type extatique. Sous l’effet du Chant, de l’Incantation, la Sejdhkona, le Sejdhmadhr (prophétesse/prophète) entrent en transes, se dédoublent, obtiennent communication et entrent en commerce avec les esprits. Régis Boyer

Dans la société scandinave ancienne, on désignait sous le nom de « Völva » ces femmes qui pratiquaient le Chamanisme, la Sorcellerie et la Divination.

Elles avaient rompues avec le Clan et vivaient à l’écart ou erraient à travers le pays en proposant leurs services.

Les Völva (en. Wicca) inspiraient un grand respect, car elles avaient le pouvoir d’interroger les Nornes (voir Parques) et de comprendre la Toile du Destin (Wyrd). Pouvoir que même les Dieux ne maîtrisaient pas complètement. On dit aussi qu’elles pouvaient se changer en animal.

La disparition des Prophétesses est bien sûr liée au christianisme comme le montre cet extrait du décret canonique du roi Edgar (Xème siècles) :

« Toute sorcière, toute conjureuse, tout nécroman ou toute prostituée manifestement infectée trouvée sur le territoire sera expulsée. Nous demandons à chaque prêtre d’éradiquer le Paganisme et d’interdire la Wilweorthunga (culte des sources), la Licwiglunga (nécromancie), la Hwata (divination), la Galdra (magie), l’idolâtrie et toutes les abominations pratiquées par les hommes comme sorcellerie, et Frithspottum (culte des bosquets) avec des ormes et autres arbres, des alignements de pierre, et toute sorte de fantômes. »

De nos jours, même si le Seidr est présent dans l’Ásatrú ce n’est qu’une reconstitution syncrétique basée sur des pratiques chamaniques actuelles (Islande, Sami/Lapon, Finlande, Russie) et des notions provenant des cultes antiques méditerranéens.

PAR YAMAEL


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