Mystique

Physique du Temps de Rêve

L’histoire sacrée de Sophia commence à un moment du temps éternel et infini mais qui n’est pas le premier moment de la création de l’Univers. Ce terme Univers, avec une majuscule, fait référence à la totalité des galaxies dans la matrice infinie de l’espace-temps.

L’Univers existe déjà lorsque l’histoire de Sophia commence et jamais n’a t-il été inexistant.

Il n’existe pas de moment précis à son commencement et il n’y en aura jamais non plus pour sa fin.

Il n’existe pas de big-bang dans la vision cosmique Gnostique ni dans ses contreparties Hindoue, Bouddhiste et Tantrique pour lesquelles l’émanation et le reflet sont les principes dynamiques qui oeuvrent au travers du cosmos et au sein de la psyché humaine: l’émanation et non pas la création; le reflet et non pas la cause et effet.


Le Fondement Eternel est immuable alors que l’Univers est intrinsèquement instable, dans un flux perpétuel de mouvements, de métamorphoses et de cycles. La Vie est un mystère de devenir sans fin et sans limites, un rêve vivant qui se meut constamment d’une scène à une autre, chaque événement en équilibre sur le moment éternel, le Maintenant.

Ce qui change dans l’Univers, ce n’est pas la source du pouvoir mais les conditions par lesquelles se manifeste cette mystérieuse source de pouvoir.

“L’Eternité est amoureuse des ouvrages du temps” a écrit le poète mystique William Blake.

Chaque moment recèle la possibilité passionnante qu’une singularité émerge des profondeurs de l’Eternel Maintenant: cette innovation va ensuite apparaître et se propager dans les mondes manifestés.

Constellation d’Orion. Images de la NASA

L’Univers émerge en tant que manifestation physique émanant d’une source cachée de pouvoir, une conscience fondatrice qui ne se dévoile jamais directement : l’Originateur.

Dans le Dzogchen, la conscience fondatrice est appelée rigpa, dans le Tantrisme Hindou, parasamvita, et dans la tradition Gnostique, pronoia. (Je me permets de citer ces parallèles non pas pour prouver mon érudition relative mais pour bien mettre en exergue que la pensée Gnostique ne constitue pas un phénomène isolé et anormal comme la plupart des érudits de la religion sont enclins à la considérer.)


Selon les enseignements métaphysiques Tantriques, l’inclination intrinsèque du pouvoir à la source est de se dissimuler afin de ne pas apparaître dans sa nature véritable.

Cette faculté de dissimulation est appelée maya.

Considérée à tort comme signifiant l’illusion, maya est en réalité le pouvoir par lequel la conscience fondatrice, qui existe au-delà du temps, de l’espace et de la matière, assume, sous une forme matérielle, des apparences et des dynamiques dans le temps et l’espace. Paradoxalement, elle se cache afin de se révéler. La conscience fondatrice ne se réduit pas aux apparences et aux dynamiques qu’elle manifeste mais elle oeuvre au travers d’elles.

Les manifestations matérielles qu’elle engendre, incluant les étoiles, les planètes, les êtres humains et les microbes sont réels et vivants et non pas illusoires. Les Gnostiques n’enseignèrent pas que le monde matériel est une illusion mais, comme nous le verrons, ils révélèrent l’existence d’un facteur d’illusion à l’oeuvre dans le cosmos et, de façon concomitante, dans le mental humain qui nous induit à une perception erronée de l’ordre du monde et à la perte de notre juste place en ce monde. C’est le facteur Archontique qui émerge dans le quatrième épisode de l’histoire sacrée.

Les Bushmen du désert du Kalahari disent “qu’il y a un rêve qui nous rêve”.

L’Univers est un rêve vivant.

La source mystérieuse de toute manifestation joue à se cacher et à se refléter dans des milliards d’étoiles et dans des milliards de galaxies. La source de la dynamique cosmique ne se dévoile jamais et, paradoxalement, elle semble même impuissante: elle n’agit en rien pour que les mondes émergent. Au contraire, elle confère, en toute générosité, sa puissance infinie à une vaste compagnie de forces génératrices, appelées les Eons dans la cosmologie Gnostique.

Eon signifie “divinité”, “cycle”, “émanation”, “puissance génératrice”.

Il existe un Eon suprême et une vastitude d’Eons, un Dieu suprême et de nombreuses divinités. Le Dieu unique, l’Originateur, confère son pouvoir aux autres Eons, ou générateurs, car c’est ainsi que l’on pourrait traduire le terme Grec. L’Originateur – en termes conventionnels Dieu ou la divinité suprême qu’on ne peut en aucune façon concevoir comme une divinité créatrice paternelle – ne crée pas directement, à la manière dont un potier crée une poterie.

Le Dieu unique transfère des potentialités aux générateurs dans un acte d’épanchement généreux. Il offre de la singularité pure et inconditionnelle afin que de la potentialité et de l’innovation puisse émerger dans le cosmos.

Les Bushmen du désert du Kalahari disent “qu’il y a un Rêve qui nous rêve”. L’Univers est un Rêve vivant. En illustration: Art Aborigène.

Les générateurs suivent ensuite l’exemple de l’Originateur: ils reçoivent la singularité et, en tout altruisme, lui permettent de s’épanouir par elle-même.

Ils créent indirectement au travers d’un processus comparable au rêve, plutôt que par une production artéfactuelle et concrète de mondes. Ils ne créent pas du tout, ils émanent.

Ils transmutent la singularité sans forme en germe d’intention formatrice, une émanation discrète. Dans le Tantra Hindou, l’émanation est appelée parinama, un parallèle exact avec le mot Grec aporria, utilisé dans le Second Traité du Grand Seth: “une émanation unique (aporria) procédant des Eternels, les Eons impénétrables, incalculables et sans définition” (54:18).

Dans le processus de restauration du mythos, je prends la liberté poétique de convertir le langage cosmologique Gnostique en une expression issue de l’astrophysique moderne, une singularité.La théorie de l’émanation est la norme descriptive dans la cosmologie Gnostique, dans les systèmes métaphysiques Asiatiques et dans les scénarios Indigènes. Cela semble être la manière de décrire le cosmos qui soit la plus naturelle pour l’espèce humaine, en contraste avec le créationnisme biblique qui est un genre totalement différent de métaphore, avec des implications profondément différentes.

Le “mythe de création” Gnostique ne devrait pas être nommé ainsi parce que le mythos de Sophia présente une alternative dramatique aux scénarios non-émanationnistes de création tels que l’histoire biblique de la Genèse et la théorie du big bang.

C’est un mythe d’émergence, et non pas un mythe de création.

Chez les Aborigènes d’Australie, la source de toutes les manifestations matérielles est appelée le “Temps de Rêve”. Ce n’est pas un temps reculé dans le passé, un point d’origine dans un temps linéaire, mais la dimension d’intensité de l’Eternel Maintenant.

Tous les êtres conscients dans le monde, incluant les formes inorganiques telles que les roches et les éléments du paysage tels que les montagnes, sont des animations du temps de Rêve – des animations permanentes et perpétuelles.

Le Temps de Rêve est un événement qui perdure éternellement, sans commencement ni fin, et qui entretient le jeu constant des phénomènes. Lorsque le Temps de Rêve s’exprime dans un comportement ou une connaissance particulière, les Aborigènes évoquent le rêve de la créature qui incarne cette connaissance et qui exhibe ce comportement.

Par exemple, “le rêve du kangourou” est la synthèse de toute la connaissance innée et du comportement instinctif de tous les kangourous en remontant jusqu’aux ancêtres du Temps de Rêve.

Le concept Aborigène de rêve est proche de ce que la science signifie par instinct, le programme génomique d’une espèce. Pour être plus précis, le rêve est la narration intégrale de la séquence génomique et il doit donc être exprimé dans de longues histoires, des scénarios complexes, des séquences mythopoétiques, des chansons. Pour la mentalité naturelle, le rêve présente une forme rythmique et une structure narrative et il opère au travers du jeu des polarités.

Dans le chamanisme des cultes Shivaites de l’Inde du sud, qui présentent un parallèle proche avec le “culte du serpent” Gnostique, le rêve est le linga sharira, le corps sexuel (considéré comme le modèle ou la matrice d’une espèce), qui préexiste au développement physique de son vecteur. Il émigre et il évolue…

Il se caractérise par un Dharma, une finalité à accomplir. Le Rêve, en majuscule, peut également être utilisé pour l’émanation créatrice des Eons Gnostiques tels que Sophia. Le terme Sanskrit parinama et le terme Grec aporria décrivent, tous deux, l’acte de Rêver. L’essence de cette notion cosmologique n’est pas l’évolution mais l’émergence.

Cette conception est également à la pointe de la théorie physique courante, et également en biologie et en astronomie.

La théorie de l’émanation, ou la physique du Temps de Rêve comme on pourrait l’appeler, assume la notion à la mode d’auto-poésie, l’auto-structuration ou l’auto-organisation évidente dans l’entièreté de la nature terrestre ainsi que dans tout le cosmos.

Lynn Margullis affirme que, dans les processus de vie Gaïens, nous contemplons l’auto-poésie dans ses formes les plus complexes et les plus magnificentes.

Le concept d’auto-poésie est au coeur de la nouvelle science de la complexité, ou théorie de la complexité, appelé auparavant la théorie du chaos, ou stochastique. Le terme qui est communément utilisé pour ce paradigme est l’émergence: le développement de la vie et de la conscience au sein d’une matrice partagée dans laquelle de nouveaux éléments optimisent les propriétés intégrales de l’ensemble.

Les fractales qui déploient des structures auto-similaires, dans des échelles intéressantes, présentent une manière d’appréhender l’identité émergente ou la “structure profonde” commune à la cellule, à l’organisme et au super-organisme.

Les initiés Gnostiques détectèrent dans les flux de fractales kaléidoscopiques du coeur galactique – la chorégraphie sublime des dieux qui dansent – la structure profonde de toute vie et de toute conscience dans la biosphère. L’identité émergente implique la non-localité de la source et de la manifestation.

“Ce qui est ici est là. Ce qui n’est pas ici n’est nulle part” dit le Vishvasara Tantra.

Les milliards de galaxies dans l’Univers émergent d’un fondement primordial qui se manifeste au travers d’elles, en révélant, non pas lui-même, mais la nouveauté sans fin dont il est capable. Tout ce qui émerge est empreint de l’auto-organisation et de l’auto-limitation, les deux signatures de l’auto-poésie.

Chaque être vivant est fractalement imbriqué avec tout ce qui vit. La planète Terre exhibe ces deux caractéristiques, l’auto-poésie et l’identité émergente, dans une profusion glorieuse et abondante.Nous pourrions nous poser la question suivante: comment Gaïa en est-elle venue, en premier lieu, à être autopoétique?

Dans l’épisode 1, le mythos de Sophia présente une vision poétique de la manière dont l’innovation émerge, périodiquement et de façon imprédictible, dans le cosmos éternel. Toutes les innovations émergent de l’Un qui n’émerge de rien du tout. (Le Zen et le Dzogchen enseignent que chacune de nos pensées qui passent émerge de la même manière, de la même source).

L’Eternel devenir est constamment agité par des singularités émergentes, permettant par là-même que quelque chose de nouveau se manifeste dans les activités répétitives et très structurées de la myriade de mondes. L’histoire de Sophia concerne une telle singularité. Elle décrit comment l’humanité est impliquée dans l’effort de la Déesse d’accomplir l’innovation et de l’intégrer dans l’ordre cosmique éternel.

La galaxie en spirale, en laquelle nous demeurons, ne constitue pas l’entièreté de l’univers, elle n’est que notre univers local. En illustration: Voie Lactée

La galaxie en spirale, en laquelle nous demeurons, ne constitue pas l’entièreté de l’univers, elle n’est que notre univers local.

Afin de raconter l’histoire de notre univers, nous avons besoin de comprendre les conditions spécifiques à la galaxie qui est notre demeure, et non pas les conditions cosmiques dans un sens général et abstrait. C’est précisément cette compréhension que les enseignements Gnostiques nous confèrent.

Jacques Lacarrière dit que les initiés Gnostiques “présagèrent et anticipèrent… ce que l’astronomie moderne appelle les nébuleuses, les spirales et les amas extra-galactiques.” De par l’amplitude de leur vision, les initiés Gnostiques furent capables de discerner les propriétés et les conditions qui sont uniques à notre système de monde.

A ma connaissance, aucun autre système métaphysique ne présente cette information de cette manière. Il existe, cependant, une pléthore de traditions indigènes qui corroborent l’un ou l’autre aspect de la cosmologie des Mystères que l’on trouve dans le mythos de Sophia.

Voilà comment l’un des textes Gnostiques des Codex de Nag Hammadi établit l’arrière-plan de l’histoire de Sophia, la biographie planétaire: “Toutes les émanations de l’Originateur sont des Pléromes et le fondement de toutes ces émanations est l’Un qui est la cause de leur émergence à partir de lui-même et qui leur attribue leurs destinées. Chaque Plérome se manifeste alors de façon autonome afin d’accomplir son origine à sa propre manière” (Evangile de la Vérité. 41:15-20).

La science courante se fait l’écho de l’hypothèse des nombreux mondes proposée par les Gnostiques. Les photos du télescope Hubble fournissent une preuve spectaculaire de la diversité et des dynamiques des myriades de galaxies éparpillées au travers de l’espace-temps, telles des semences étincelantes.

Les photos du télescope Hubble fournissent une preuve spectaculaire de la diversité et des dynamiques des myriades de galaxies éparpillées au travers de l’espace-temps, telles des semences étincelantes. En illustration: Carina Nebula. Photo NASA

Mystérieusement, une présence unitaire unique imprègne toutes les galaxies mais on trouve, dans chaque galaxie, des Eons, ou divinités individuelles. Ce ne sont pas des entités en tant que telles mais de vastes flux.

Le mot Allemand “geist”, esprit vient de la racine Indo-Iranienne “ghei”, “se muer avec puissance”. Les êtres cosmiques suprêmes se meuvent puissamment: ce ne sont pas des entités mais des flux immenses et vivants. Les flux surgissent et circulent, fusionnent, se divisent, se retirent et jaillissent de nouveau. La danse des dieux.

Les êtres cosmiques suprêmes se meuvent puissamment: ce ne sont pas des entités mais des flux immenses et vivants. Les flux surgissent et circulent, fusionnent, se divisent, se retirent et jaillissent de nouveau. La danse des dieux. En illustration: NGC 6050. Photo NASA

Les Eons ne sont pas des entités mais des flux qui se distinguent par des intensités, les signatures discrètes de leur puissance de flux, pourrait-on dire.

Les dieux cosmiques sont des unités cohérentes de force mais non pas des entités de point.

La composition tonale et mélodique de la symphonie de Rimski-Korsakov, Scheherazade, est un mouvement unifié d’orchestration, cependant, cette symphonie, lorsqu’elle est jouée, est tout sauf une unité singulière et simple.

Il en est de même pour les Eons qui possèdent des signatures acoustiques et lumineuses, des phénomènes que les initiés apprirent à reconnaître lors des sessions répétées de l’instruction par la Lumière. Les adeptes accomplis identifiaient un Eon par sa signature, une corde ou une veine de son entendue de façon clairaudiente, tout comme le musicien ou le chef d’orchestre, qui connaît Scheherazade, peut reconnaître toute la symphonie à partir d’une seule ligne de notes.

Les Gnostiques attribuaient à l’Eon Sophia une signature particulière, qui les éveillait à la richesse et à l’intensité de son intelligence.

Sagesse est son nom, son intensité, sa signature de flux.

Les Gnostiques décrivirent les générateurs dans le Plérome – en termes astronomiques, le coeur galactique – à partir d’une expérience vécue des phénomènes cosmiques, dans des états altérés de conscience.La déesse Sarasvati du mythe Hindou présente un type d’intelligence Sophianique.

Les attributs de Sarasvati contiennent certaines caractéristiques de la signature de flux de Sophia. “En tant que Sagesse et Enseignement, elle est la mère des Vedas, à savoir, de toute connaissance se rapportant à Brahma et à l’univers”. “Sagesse” vient de la racine Indo-Européenne weid-, source de vidya, veda, wit, corrélée à l’Arabe hikm et à l’Hébreu chockmah.

La corruption du terme Hébreux donne Achamoth, un nom appliqué à la Déesse Déchue: Sophia Achamoth, la déesse qui plongea vers la Terre. Avant qu’elle ne chute vers la Terre, l’Eon Sophia participe à un rituel sublime avec les autres Eons dans le Plérome.

La déesse Sarasvati présente un type d’intelligence Sophianique. Elle est la mère des Vedas.

La Matrice de l’Anthropos

Dans la plupart des versions du mythos de Sophia, la chute de la déesse est intimement associée à l’activité d’un autre Eon, Christos, ainsi nommé en raison de sa signature de flux, “puissance d’onction”.

En termes cosmiques, l’onction est la capacité que possède un Eon de se métamorphoser à partir d’un état poreux, similaire à de l’écume, en un état fluidique, similaire à la rosée. L’écume n’est pas de la rosée mais imaginons de l’écume se transformant en rosée. Voilà ce qu’est l’onction dans le domaine Pléromique.

Le produit de l’onction, le chrisme, est la sueur d’amour des dieux. Dans l’extase de leur danse, les Eons se répandent en une sueur parfumée, en une éruption de rosée étincelante. C’est l’onction au niveau cosmique.Les astrophysiciens s’accordent maintenant sur la présence de “rosée moléculaire” dans les bras galactiques mais pas encore dans le coeur galactique car ils sont réticents à assumer qu’elle puisse posséder des propriétés biologiques. Les théoriciens de la cosmologie de l’univers plasma semblent se rapprocher de la reconnaissance de la porosité “écumeuse” de peu de masse et de haute densité des courants Eoniques.

La cosmologie des plasmas est couramment la meilleure alternative à la fantaisie du big bang. Les cosmologies Tantrique aussi bien que Gnostique se caractérisent par une activité sexuelle orgasmique qui relève plus des préliminaires que du “hard”. Cela s’applique certainement aux cabrioles orgiastiques des Eons dans le Plérome.

Le hieros gamos (union sacrée) de Sophia et de Christos dans la région au coeur de notre galaxie donne le signal de l’événement initiateur du mythos de Sophia. Ils modèlent, ou configurent, à deux la singularité offerte par l’Originateur.

Le mot Grec Anthropos signifie “humanité”, ou plus précisément la “matrice humaine”. Anthropos est de genre neutre, distinct des mots spécifiques à un genre tels qu’andros, “mâle” et gyne “femelle”. Anthropos est le nom Gnostique pour la matrice cosmique de l’espèce humaine, le génome humain préterrestre.

Le mythos de Sophia personnifie une version de la “panspermie dirigée”, la théorie introduite par le prix Nobel et chimiste Suédois, Svante Arrhenius, aux alentours de 1900 et acceptée, sous diverses formes, par l’astronome Fred Hoyle, le prix Nobel et biologiste Francis Crick (co-découvreur avec James Watson de la structure de l’ADN), Lynn Margulis ainsi que de nombreux autres pionniers de notre époque.

S’unissant pour encoder ou configurer l’Anthropos, Sophia et Christos, agissent en conformité avec la loi cosmique “car c’est la volonté de l’Originateur de ne pas permettre que quelque chose se manifeste dans le Plérome en dehors d’une syzygie” (Exposé Valentinien. 36:25-30). Syzygie est un mot Grec étrange utilisée par les astronomes pour qualifier la conjonction de corps célestes.

L’Originateur veut que toute activité dans le Plérome soit accomplie par un couple d’Eons, des divinités accouplées, mais ce n’est pas une loi rigide qui soit imposée. Dans le cas de la syzygie de Sophia et de Christos qui encode l’Anthropos, la volonté de l’Originateur est observée. Une fois qu’elle a été configurée par la danse rituelle des Eons accouplés, la singularité est prête à être projetée en manifestation dans tout le cosmos.

Ce qui arrive ensuite dans le Plérome est un acte collectif, la collaboration de tous les Eons, et non plus seulement de Sophia et de Christos agissant en tant que couple distinct. Dans l’épisode 3, toute la compagnie des dieux Pléromiques s’unit en une danse chorale afin de projeter la singularité encodée dans la manifestation. Ils la sèment dans le cosmos extérieur, les bras galactiques qui tournent comme un vaste manège autour du moyeu Pléromique. La singularité est nichée dans un nuage moléculaire.

Bien que le langage soit ici mythique, ou mythopoétique, la description peut se comprendre en termes des dynamiques internes de la Galaxie. Le mythe suggère clairement des processus encore inconnus de la science mais qui commencent, peut-être, à être entraperçus par les physiques des plasmas, la théorie de la complexité et la nouvelle vision de l’émergence.

Le Plérome signifie “plénitude”, “plénum”. Les vortex galactiques sont tous des variations d’une forme de calice, un torus aplati avec un coeur central (le renflement galactique) et un disque environnant (les bras de la spirale). Le coeur d’une galaxie, le Plérome, est contrebalancé par la structure de manège aplati, l’armature en rotation, appelée le Kénoma, la “déficience”, le “royaume sans forme”.

Le Plérome est une potentialité de plénitude infinie qui se répand dans le royaume de la “déficience”, la potentialité finie. Dans le Plérome, toute possibilité est complète, tout participe de la complétude, tout évolue jusqu’à son potentiel le plus accompli. Les divinités, comme Sophia, ne peuvent donner que d’elles-mêmes, en tout altruisme, sans influencer ce qu’elles émanent ou sans s’imposer sur les conditions qu’elles établissent dans le Kénoma.

L’épanchement généreux des divinités Pléromiques est un thème-clé de la cosmologie Sophianique. C’est également le parangon de la générosité humaine. Le Kénoma, l’armature de manège d’une galaxie, est le royaume du chaos dans lequel se développe un potentiel fini, limité. Il est composé de déploiements de matière élémentaire noire (dema), de champs atomiques et subatomiques, incluant des éléments organiques, des grains ou spores de vie.

Ce sont dans les bras galactiques que les soleils naissent et que les systèmes planétaires émergent.

Sur certaines des planètes, la vie organique s’épanouit mais il semble que l’on ne puisse pas localiser l’origine de la vie sur la planète où elle émerge.

Le prix Nobel Francis Crick, un des découvreurs de la structure de l’ADN, propose qu’en raison de sa complexité bouleversante, la vie sur Terre doive avoir été semée d’ailleurs dans le cosmos.

Lynn Margullis, la co-auteure de l’hypothèse Gaïa, accepte également la possibilité que des formes de vie microscopiques (propagules) puissent se mouvoir librement au travers de l’espace interstellaire. L’univers est un endroit poussiéreux et une partie de cette poussière est constituée de résidus organiques.

La science ne reconnaît pas encore que la vie, émergeant sur des planètes dans les bras en rotation d’une galaxie, trouve son origine dans le coeur galactique.

Cette théorie ne pourra pas être acceptée tant que les scientifiques ne peuvent pas imaginer que le coeur d’une galaxie soit un vortex de forces superorganiques, vivantes et conscientes. Mais c’est pourtant la vision Gnostique du Plérome. Dans la cosmologie Tantrique, la composition du Kénoma est appelée adrista, “résidu”. C’est, comme la science nous le dit, une poussière d’étoile qui perdure de cycles antérieurs d’évolution, des cycles sans commencement ni de fin.

“Maintenant l’Eternité (qui est la Vérité absolue) n’a pas d’ombre à l’extérieur d’elle-même car elle est une lumière infinie dans laquelle tout est dedans et rien n’est en dehors. Mais en son extérieur se trouve l’ombre, qui a été appelée ténèbres. Des ténèbres émerge une force sans forme. C’est le royaume ténébreux du chaos sans limites. C’est de ce royaume qu’émerge toute sorte d’émanation divine, incluant le monde dans lequel nous demeurons car tout ce qui se manifeste dans le chaos y a été implanté au préalable par ce qui le génère” (Sur l’Origine du Monde. 98:20-30).

Ici, le langage de l’expérience des Mystères joue dans le scénario cosmologique.

Le coeur galactique est un vortex en rotation de Lumière Organique, une substance rayonnante qui pourrait être comparée à du nougat mou et lumineux. Elle ne projette aucune ombre.

Les ténèbres appartiennent aux régions extérieures du moulin galactique, le Kénoma. Les résidus des mondes antérieurs sont continuellement recyclés et réassemblés dans l’armature massive du manège en rotation. Tout ce qui se développe dans le Kénoma y a été implanté par une émanation Pléromique – incluant l’humanité elle-même, ou bien diverses souches d’humanité, et toutes les autres espèces.

Le coeur galactique est un vortex en rotation de Lumière Organique En illustration: coeur de la galaxie

Un parallèle frappant avec la tige de lumière de la narration Gnostique se retrouve dans le mythe Japonais de création dans lequel un couple de divinités célestes, ou kamis, projettent une “épée céleste de joyau” à partir du centre cosmique dans les eaux du chaos primordial. L’image de la fertilisation cosmique dans les bras galactiques se retrouve dans la mythologie Egyptienne où la déesse du ciel, Nut, lovée en un ovale, porte les constellations du zodiaque encodées dans son corps. L’imagerie embryonnaire cosmique se retrouve dans presque toutes les cosmologies des grandes cultures et, plus universellement, dans toutes les traditions indigènes ou “primitives”.

Le texte appelé “Sur l’Origine du Monde” dans les Codex de Nag Hammadi décrit la limite du coeur Pléromique, appelée menix, hymen, stauros ou horos.

Demeurant dans le coeur, les Eons peuvent émaner dans les bras, le royaume du chaos informe, mais ils ne traversent pas vers ces régions. La tige de lumière opalescente projetée par la collectivité des Eons peut être comparée à une lampe à arc qui brille au travers de la paroi d’une tente en toile blanche. Le rayon de lumière passe au travers des parois mais la source du rayon reste à l’intérieur de la tente. Les textes Gnostiques expliquent que ces deux conditions primordiales, l’accouplement Eonique et l’émanation limitée, sont établies par l’Originateur. Ce sont des lois cosmiques mais qui ne sont pas imposées et les exceptions sont donc possibles.Sophia est l’une de ces exceptions.

Nut, la déesse Egyptienne du ciel qui porte les constellations encodées dans son corps

Les astrophysiciens reconnaissent maintenant que notre coeur galactique possède un noyau central et une région limitante distincte que l’on peut comparer à la paroi poreuse d’une membrane cellulaire.

Les mondes qui émergent au-delà de la membrane limitante possèdent des propriétés d’auto-organisation, ou facultés autopoétiques, parce qu’ils ont été émanés par les Eons, mais ils ne sont ni créés ni supervisés par eux. La vie, dans le cosmos vivant, est autonome et auto-organisée, tout comme l’est notre planète Terre.

Les propriétés d’auto-organisation, imparties à la matière, par les divinités Pléromiques poursuivent généralement leur propre cours d’évolution. Ce principe s’applique à de nombreux mondes mais il existe des exceptions.

L’épisode 4 de la narration sacrée contient un événement crucial. Il décrit comment Sophia ne peut se détacher des perspectives futures de l’Anthropos.

Le pouvoir du désir divin est appelé enthymesis dans les textes Gnostiques. Ce terme est associé à thymus, l’organe au centre de la poitrine.

Dans la Grèce antique, l’âme humaine était visualisée comme un papillon, psyche, attaché au corps par le thymus. Le mot Grec thumon dériva probablement de la racine thuein “brûler”, “fumer”, “sacrifier”.

L’enthymesis de Sophia est un désir brûlant qui l’engloutit comme de la fumée, en la séparant du reste des Eons. L’attraction saisit la Déesse et évoque spontanément la réaction énergétique complexe d’un Eon, le jaillissement d’une puissance sublime et super-animante – le Rêve.

John Lash
Traduction de Dominique Guillet
http://www.liberterre.fr/


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