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Du Bâton de Moïse, et du Secret de Dieu

par Isaac Ben Jacob

Nous avons une tâche bien particulière en ce jour. Celle d’aborder le plus grand mystère du Judaïsme et du Christianisme, le mystère du Salut, de la rédemption.

Le Christianisme nous a enseigné que « seule la Foi sauve ». C’est une réaffirmation, un subtil écho de ce que l’Etre Suprême, notre Dieu, avait répondu à Moïse lorsque celui-ci lui avait demandé :

(Exode 3:13-14) « Voici, j’irai vers les enfants d’Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ; mais s’ils me disent : Quel est son nom ? Que leur dirais-je ? »

Dieu, que nombre de Rabbis nomment à juste titre « l’Être Invariable », avait alors prononcé ces mots qui résonnent encore dans l’esprit de tant de philosophes, de savantes personnes et de grands littérateurs :


« JE SUIS CELUI QUI SUIS. Puis il dit : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle JE SUIS, m’a envoyé vers vous. »

Il se dégage une telle lumière de ces quelques mots prononcés par Dieu, que Shakespeare conditionnera toute forme de logique et de pensée, ainsi que la finalité du genre humain, à son célèbre « être ou ne pas être, telle est la question ».

Nous sommes devant la définition même de la Foi, c’est-à-dire de l’Esprit Ultra-matériel. La Foi n’est point ici l’acte de croire et de se soumettre à Dieu. Elle n’est point non plus un abandon. La Foi est au contraire la Certitude du salut, l’anticipation et le ressenti de la nature divine. N’est-il pas écrit :

« Vous êtes tous des Dieux » (Psaume 82:6 ; Jean 10:33-35).

La Foi est donc l’intention immuable, consciente, parfaite et déterminée de faire le bien pour le bien, d’Être déjà « au commencement » des temps, avec Dieu. La Foi est encore cette lumière auto-générée par qui (Jean 1:3-4) toutes choses ont été faites, elle est « la vie, et la lumière des hommes ».

Mais cette lumière doit (Jean, 1:5) luire dans les ténèbres et se manifester dans le monde, parce que le monde ne la comprend pas et qu’il resterait sans elle un lieu obscur, une vallée des ombres et de la mort. C’est avec cette intention précise que Dieu répond à Moïse, lorsque celui-ci l’interroge en lui demandant quel nom lui donner. Il ne dit pas seulement « Je Suis », il ajoute « celui qui suis », c’est-à-dire la manifestation de son Être, de ce feu dévorant qu’est la foi. Il manifeste cette lumière née de la lumière, vers tout ce qui est extérieur à lui-même et qui est paradoxalement également sa propre substance.


Il dit en d’autres termes, « Je suis », et je suis de même le regard extérieur à mon être. Pour éclairer de nouveau ses propos, et parachever la réponse qu’il entend donner à l’interrogation de Moïse, Dieu reformule ce qu’il a déjà énoncé: « Celui qui s’appelle Je Suis, m’a envoyé vers Vous ».

Le « Vers Vous » c’est la manifestation, la projection que Dieu entend réaliser vers ses fils et ses filles selon l’Esprit. Paul, l’apôtre et le théologien du Salut par la Foi, ne s’est pas exprimé autrement. La Foi seule sauve, car sa manifestation par des actes peut être entravée. « Tout est pur pour les purs », c’est-à-dire que l’intention, qui est la Foi, l’Être Suprême, sauve, puisque les Elus sont déjà morts et ressuscités avec le Christ depuis l’origine des temps.

L’Être Suprême qui est en nous est voilé aux yeux des hommes, il est à l’image du Saint des Saints, recouvert par le voile du Temple.

Mais si à l’opposé la manifestation de la Foi dépend des choses extérieures, et bien que d’une certaine façon, l’épaisseur du voile nous empêche de la distinguer nettement, cette manifestation est pourtant la condition du Salut. En d’autres termes, l’intention (la Foi) d’agir (les œuvres) sauve. Paul fut certes mal compris par ceux qui se sont imaginés pouvoir placer dans sa bouche de fausses paroles. Combien de prédicateurs pervertis font de la Foi une idée abstraite, une abdication de notre Être intérieur au profit d’une sorte d’abandon à la volonté Divine. Ils réduisent la Foi à un acte, à une croyance qui érige l’inconscience et l’irraison en dogme. Il n’y a pas de renoncement pour le juste, parce que Dieu n’a pas fait de nous des esclaves, mais selon ses propres mots, ses « amis ».

L’élève n’est pas plus grand que le maître, mais puisqu’il est écrit (et l’écriture ne peut être détruite) « vous êtes tous des Dieux », il lui est permis d’être son égal. « L’abandon irraisonné » à la Foi, le renoncement, sont des manifestations hérétiques d’une négation de la Foi. « Maudits soient ceux qui font du bien le mal », et de la Foi les œuvres.

Prenons exemple sur Moïse qui eut la témérité de gravir le Sinaï malgré l’interdit. N’est-il pas écrit :

(Exode 19:11-12) « Le troisième jour, l’Éternel descendra, à la vue de tout le peuple, sur la montagne de Sinaï. […] Gardez-vous de monter sur la montagne, et d’en toucher le bord. Quiconque touchera la montagne, sera puni de mort. »

Il n’y eut chez Moïse aucun abandon à un « dieu » promulguant des interdits irraisonnés, incitant à la mollesse, et au renoncement. Il s’est au contraire révolté contre les faux dieux, et a dit qu’il ne croirait en aucun dieu qu’il n’ait connu Face à Face.

Ainsi en fut-il, et pour avoir cherché Dieu d’égal à égal (le sens du texte Hébraïque dit que Dieu reconnut Moïse comme un parent…), l’Eternel lui dit : (Exode 7:1)

« Vois, je t’ai établi Dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. »

Avec une témérité égale à celle de Moïse, posons nos pas dans ceux de ce divin prophète, et si imparfaits que nous soyons, entravés dans nos faiblesses, faisons nôtre le signe du Salut qu’il offrit au monde. Ce Signe mystérieux, qu’on nomme « Serpent d’Airain » (Nahash Nahoshet) est exactement ce que Paul, qui était docteur de la loi Mosaïque, évoquait dans son Epître aux Hébreux : (11:1)

 « La foi est […] une démonstration des choses qu’on ne voit point. »

Dieu avait appris à Moïse un moyen de démontrer, et de manifester la Foi, comme par une sorte d’anticipation des choses Divines. C’est le mystère dont nous allons discuter ici même, en termes quelque peu sibyllins (que ceux qui peuvent comprendre, comprennent).

Dans le premier des 5 livres de Moïse (Pentateuque-Torah), c’est-à-dire la Genèse (« Berechit » en Hébreu) nous lisons ce qui suis : (3:14)

« Alors l’Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre toutes les bêtes et entre tous les animaux des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. (3:15) Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et toi tu la blesseras au talon. »

Concernant le monde païen, la légende d’Orphée porte témoignage de ce concept, mais sous l’angle restrictif de la faute originelle.

Nous avons là l’exemple saisissant d’un mythe ancré dans la politique d’échec des religions anciennes, et des croyances relatives à la réincarnation. Orphée, dont le nom même signifie Serpent en grec (Orpheus, de Ophis), était fils du roi de Thrace Oeagre, et de Calliope. Il savait jouer de sa lyre afin d’en tirer les sons les plus harmonieux et charmer de ses accords les oiseaux des cieux, les plus farouches animaux, et jusqu’aux être dépourvus de sentiment. Orphée ayant voyagé sous différents horizons, revint en Thrace et épousa Eurydice, qu’il aimait infiniment. Juste après leurs noces, la jeune femme fut mordue au talon par un serpent, et toute vie la quittant, elle descendit au royaume des morts, dans l’Enfer des anciens.

Orphée ne pouvait se résoudre à se courber sous le joug du destin. Convaincu que la mort n’était que le prélude à une nouvelle vie, il décida de faire revenir Eurydice d’entre les morts et de la chercher jusqu’en Enfer. Orphée allait user de tout son art afin de charmer par les accents de sa harpe le dieu et souverain des morts, Hadès. Ayant vaincu successivement Cerbère, le chien à trois têtes qui interdisait l’entrée des Enfers, puis les Euménides, il parvint à faire fléchir la volonté d’Hadès. Ce dernier, bien que fasciné par les accords d’Orphée, promit de laisser repartir Eurydice à une condition. Il fallait que la jeune femme suive, à travers le dédale de l’Enfer, Orphée, sans que celui-ci ne se retourne, ni ne lui parle. Ce n’est qu’une fois sortis tous deux du royaume des morts, qu’Eurydice retrouverait la vie, et que les funestes conséquences de la morsure du serpent seraient annihilées. Malheureusement, quelques instants avant qu’Eurydice ne franchisse le seuil des Enfers, Orphée, inquiet de son silence, se retourna. Pris d’une angoisse soudaine et d’un mouvement de doute, il venait de refermer à jamais les portes de l’Enfer sur Eurydice, et avait ainsi provoqué, une seconde fois, comme un écho au venin du Serpent, la mort de sa bien-aimée.

Il nous faut tout d’abord remarquer que ce récit contient des références flagrantes aux concepts Bibliques de « faute originelle », d’incarnation et de mort.

La prophétie Biblique dans la Genèse expose, ainsi que nous l’avons déjà dit, que le rédempteur de l’humanité, issu de la postérité d’Eve, écrasera la tête du Serpent, mais que ce dernier le blessera au talon. Il en est de même dans le livre des Nombres, où des serpents brûlants répandent la mort parmi le peuple. Enfin, nous devons citer le credo de l’Eglise Chrétienne (Symbole des apôtres) qui répond en quelque sorte au récit de la Genèse : « Jésus-Christ est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour. »

Le séjour des morts où le Christ mort est descendu, l’Écriture Sainte le désigne par les termes d’enfers, de Shéol ou d’Hadès (cf. Ph. 2,10 ; Ac. 2,24 ; Ap. 1,18 ; Ep. 4,9). Cette descente aux Enfers est semblable à celle du mythe d’Orphée. Elle est la conséquence du venin que le serpent distilla dans la plaie au talon du Christ. Nous avons ici l’expression d’un concept déjà énoncé dans la Genèse : « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière. » Or le Serpent est condamné à se traîner dans la poussière. Selon les Ecritures, le venin de cet animal préside donc à la fois à l’incarnation et à la mort, il est la cause de la Faute Originelle et le poison qui mène au sépulcre.

Ajoutons à titre indicatif que le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio mentionne le mythe d’Orphée comme ayant une origine Biblique (extrait de l’article dédié à Orphée) :

« On attribuait à Orphée de nombreux voyages. On le conduisait jusqu’en Égypte, d’où il aurait rapporté l’institution des mystères et la doctrine de l’autre vie. Les chrétiens prétendirent même qu’il avait connu en Égypte les livres de Moïse, et qu’il leur avait emprunté le meilleur de son enseignement. »

Si un parallèle entre ce mythe et certains versets de la Bible peut être tiré, il ne faut pas moins se souvenir que le personnage d’Orphée s’inscrit dans une politique d’échec. L’effet de « miroir » que l’on observe dans le mythe est le reflet d’une croyance païenne, Manichéenne, qui ne voit d’autre issue pour le genre humain que la réincarnation. La réincarnation étant cette impossibilité manifeste d’Orphée à faire revenir définitivement Eurydice du royaume d’Hadès.

Quelles différences existent entre le récit Biblique et le mythe d’Orphée ?

Quelle est la réponse que la Bible entend apporter à l’absence d’issue, à l’impasse dans laquelle s’inscrit ce mythe ? Enfin, quelle signification profonde doit-on donner à ce récit ? C’est ici que nous allons tracer quelques projections afin d’éclairer notre propos.

Il nous faut dans un premier temps remarquer qu’Eurydice est l’image du Salut, de la Foi. Tout comme le Christ, elle est mordue au talon par le Serpent, et descend aux Enfers. Elle est à ce titre susceptible de représenter indifféremment, en fonction du récit, l’Esprit (la vraie Foi) ou l’Âme (la Foi défaillante, l’Esprit déchu). Dans tous les cas, Eurydice est une projection du Salut, l’idée qu’on s’en fait.

La question étant : en quel Salut croyons-nous ?

Aspirons-nous à devenir des Dieux, ou notre Foi est-elle à ce point défaillante, que malgré notre désir inné de survivre à la mort, nous ne pouvons appréhender l’Eternité ? Ne serions-nous nés dans ce monde que pour y finir dans la poussière et dans le cas le plus enviable, nous réincarner ? L’enseignement du mythe d’Orphée n’est-il pas justement de nous signifier que l’incarnation suivie de la mort, puis de la réincarnation (c’est-à-dire la perspective d’une autre vie, mais mortelle), ne sont qu’une illusion ? Il n’y a là en effet qu’un Ouroboros, un Serpent qui se mord la queue, c’est-à-dire l’image d’un cycle stérile de naissance, de mort et de renaissance. L’ensemble n’ayant pour finalité que de reproduire la mort sous tous ses aspects et toutes ses formes.

En conclusion de ce récit, nous retiendrons qu’Eurydice est l’image qu’Orphée se fait de son salut.

Toutefois Orphée ne se fait pas une représentation Chrétienne ou Judaïque de son Salut. S’il aspire à une nouvelle vie, il la recherche en tant que mortel. La renaissance qu’il anticipe n’est point dans l’Eternité, mais dans notre monde fait de poussière et qui retournera en poussière. Orphée se confronte donc à un obstacle insurmontable. Il tente désespérément de prolonger l’existence dont il jouissait avec Eurydice. Mais cette existence n’était déjà en elle-même qu’un leurre, une aberration, une fiction inconsistante qui ne pouvait être projetée dans l’avenir sans être le reflet de sa propre déchéance.

Le mythe d’Orphée est une dérision des religions relatives à la réincarnation des âmes.

L’âme est une persistance de la Psyché après la mort. Nous parlons ici de l’âme, non de l’Esprit. Cette distinction, d’un grand sens logique, était familière à l’Antiquité puisque déjà Homère, en son temps, attribuait à l’être humain la possession de deux intelligences, le « thymos » et la « psychè ». Pour ce dernier comme pour Platon, l’âme s’oppose fondamentalement à l’Esprit, elle ne participe pas à la divinité. Sorte d’« ange déchu de tous temps », l’âme est un perpétuel aveu de l’inconsistance de l’homme, de la fragilité de sa nature mortelle, de son péché devant Dieu.

Plus que cela, elle est une émanation directe du corps, prisonnière de l’Hadès, une ombre persistante incrustée dans la trame du temps et de l’espace. Non immortelle, mais durable, elle survit à la dépouille en exprimant constamment son désir de retrouver racine dans la matérialité, de se réincarner dans un corps nouveau.

L’âme est par nature incestueuse.

Elle se rapporte à l’intention de perdurer dans le temps (elle ne participe pas de l’Eternité). Pour cela, on usait dans ces religions d’unions consanguines sous toutes leurs formes (intellectuelles ou physiques), dont la finalité était de transmettre d’une génération à une autre au sein d’une dynastie ou d’une famille, une même âme. Le culte des ancêtres en est une adaptation.

L’idée étant ici que l’âme est la seule forme de vie après la mort qui puisse se concrétiser dans un monde sans cesse en mouvement, entraîné dans une chute perpétuelle. Mais, comme le mythe d’Orphée l’exprime, il ne s’agit là que d’une chute sans fin, d’un dédale interminable, d’une mort perpétuelle, d’une illusion qui entraîne l’âme dans un jeu de miroir infini. Certaines âmes ne naissent et ne meurent qu’une fois. D’autres naissent et meurent de multiples fois, ainsi en est-il d’Eurydice.

En effet si Orphée se retourne, inquiet du silence de sa bien-aimée, et la renvoie ainsi aux Enfers, c’est avant tout par manque de Foi.

L’image qu’il a d’Eurydice est trompeuse. Elle est pour lui la perspective du Salut, certes, mais d’un salut illusoire, infecté par le venin du Serpent. En d’autres termes, Orphée n’aspire pas à la résurrection, sa Foi est défaillante, et il est incapable d’apercevoir dans la lumière du jour la nouvelle Eurydice (la rédemption et la Foi). Il se retourne vers l’obscurité de l’Enfer (du sépulcre), pour contempler l’image mutilée et imparfaite du Salut : l’âme. Il se tue ainsi lui-même, et devient son propre serpent, infecté par son propre venin.

Outre sa valeur théorique, le mythe d’Orphée avait également dans l’Antiquité une valeur pratique.

Il existait sous la forme d’un rite initiatique, que l’on pratique encore dans certains monastères russes, d’une méthode de conditionnement psychiatrique.

L’objectif était de provoquer artificiellement chez l’initié un trouble dissociatif de la personnalité, c’est-à-dire un effondrement de l’Âme. L’épreuve n’avait d’autre but que de révéler à celui qui en faisait l’expérience la nature de l’Hadès, l’imminence de la mort, et l’imperfection de son Âme. Concrètement, ce rite persuadait l’initié de la nécessité de la doctrine de la réincarnation, ce dernier n’ayant plus d’espoir, ni d’autre perspective de Salut.

Ainsi que nous l’avons dit, le mythe d’Orphée se fait l’écho de la Genèse, et de la chute originelle.

Orphée et Eurydice sont la transposition, respectivement d’Eve et d’Adam, c’est-à-dire des auteurs du péché, de l’incarnation et de la mort. Mais, inversement, les conséquences de la faute originelle sont réversibles dans la pensée Biblique.

La chute est une occasion de rachat, ce qui a été abaissé sera relevé.

Le Serpent qui gisait dans la poussière au jardin d’Eden, sera élevé au désert par Moïse, comme le Christ sera élevé en croix. La Bible ajoute une seconde partie au mythe d’Orphée, en transparence duquel elle conçoit un préalable nécessaire au Salut. Toute rédemption présuppose une chute. Et si Adam et Eve portent en eux les germes de la mort et du péché, les Evangiles nous présentent a contrario Jésus-Christ et Marie Madeleine, comme les auteurs de la rédemption du genre humain. Bien qu’infectés eux aussi par le venin du Serpent, ils triomphent de l’Hadès, ainsi qu’il est écrit dans le Credo : « Jésus-Christ est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour. »

Dans la continuité du récit Biblique, les Saintes Ecritures nous font connaître Marie-Madeleine, attendant Jésus-Christ au seuil du tombeau. Là où Orphée et Eurydice ont échoué, là où Adam et Eve n’avaient semé que tristesse et désolation, le Christ et Marie-Madeleine triomphent de la mort, et manifestent dans l’univers entier la Victoire de la Foi (c’est-à-dire de l’Être Suprême, de l’Esprit) :

Evangile de Jean (20:1) Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore obscur ; et elle vit la pierre ôtée du sépulcre. […] (20:14) […] elle se retourna, et vit Jésus debout. […] (20:15) Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, croyant que c’était le jardinier (nous avons là une référence explicite au « jardin » d’Eden, l’idée d’un rachat de la faute originelle), lui dit : Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. (20:16) Jésus lui dit: Marie ! Et elle, s’étant retournée, lui dit : Rabbouni ! C’est-à-dire, mon Maître ! »

Si la Vie et le Salut nous ont été offerts par le Christ et Marie-Madeleine, Moïse nous a fait connaître, bien des siècles avant, le Signe du Salut.

Le Nouveau Testament tend irrésistiblement vers l’Esprit, la Foi, et présuppose que les acquis de l’Ancien Testament sont conservés intacts. N’est-il pas écrit : (Matthieu, 5:17) 

« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. »

Retenons ainsi que si le Christ est moins la figure du justicier que de l’ami dans le Nouveau Testament, c’est parce que sa tâche spécifique est de porter témoignage de l’Esprit, et non de la Loi. Mais l’unité des écritures ne saurait admettre une discontinuité dans le message Biblique. Aussi est-il écrit : (Jean, 3:14)

« Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’Homme. » Dieu est Invariable, son message est resté le même à travers les siècles. Certes « la Lettre (La Loi) tue et l’Esprit vivifie » (Paul, 2 Cor, ch. 3, v. 6).

Pourtant, puisque l’Esprit est le ressenti de la nature divine, il ne peut se soustraire à la manifestation mécanique du Salut (dans les proportions relatives qui lui sont imparties). La Foi et L’Esprit ne sont-ils point « l’anticipation » des choses Divines ? Ainsi Moïse fut-il le sublime précurseur du Christ, et l’expression de la Justice Divine dans notre monde. Il n’y a pas de Justice, ni de Loi contraignante dans le Royaume de Dieu puisque « Je Suis », Dieu, répond et converse avec « celui qui Suis », c’est-à-dire avec l’assemblée des Elus.

Là où il n’y a que perfection, toute justice est inutile, puisqu’il n’y a pas de temps. Toute condamnation a déjà été consommée, et l’arbitrage a déjà eu lieu. A l’opposé, la Loi est une nécessité dans notre monde, elle manifeste la Foi dans le temps, comme un phare guide les navires au milieu de la tempête. Elle est l’expression de la perfection dans l’imperfection, l’étendard de la Victoire sur la mort, la proclamation de la suprématie de l’Esprit sur le néant. C’est une chandelle qui éclaire dans un lieu obscur, un feu dévorant que toutes les eaux des fleuves et des océans ne sauraient éteindre. C’est enfin une rébellion contre le chaos, une manifestation de l’ordre Divin dans le monde.

Ainsi en est-il du Serpent d’Airain, qu’on nomme également le Bâton de Moïse.

Le Liber Antiquitatum Biblicarum du Pseudo-Philon, un midrash du premier siècle, voit dans cet objet une représentation de l’Alliance. En 19:11 on peut lire :

« Ta baguette (le Bâton de Moïse) par laquelle ont été opérés les signes, sera un témoignage entre moi et mon peuple. Ta baguette sera en ma présence un mémorial tous les jours, et elle aura un rôle identique à l’arc par lequel j’ai établi alliance avec Noé au sortir de l’arche. »

D’autres Midrashim soutiennent que « Le bâton » fut créé par Dieu « entre les deux soleils », qu’il était déjà dans le jardin d’Eden et qu’il porte gravé le Saint Nom.

Quoi qu’il en soit, il est certain, comme l’expliquent les Midrashim, que ce Bâton est à lui seul une synthèse du Salut et des enseignements de Moïse. Cet objet était destiné à délivrer Israël de l’Égypte, c’est-à-dire de la tutelle de Pharaon. A ce titre, il est la manifestation puissante de la Foi dans le monde, de cette Foi qui avait tant manqué à Orphée.

Quels sont les composants du Bâton de Moïse, sa signification et son fonctionnement?

Le Bâton est formé d’un tronc central, qu’on dit être à peu près de la taille de Moïse. Il représente le corps de chair, mortel, qui est l’héritage que nous tenons du Serpent. Il est l’image de l’incarnation. Ce tronc est le corps du Serpent d’Airain, ainsi qu’il est écrit :

(Exode 7:9) « Prends ta verge et jette-la devant Pharaon ; et elle deviendra un serpent. »

Au sommet du Bâton, on distingue la tête du Serpent d’Airain, ornée de deux aigrettes de Feu qui représentent respectivement l’Esprit (La Foi) et l’Âme (la Psyché dont Eurydice est une figure). Nous réalisons ainsi que ce Bâton est la manifestation concrète, dans un objet, de l’Être Suprême. Cet objet est aussi une projection de Moïse, à la fois en tant que Prophète (il parle et agit au nom de Dieu) et en tant que Dieu lui-même, Esprit né de l’Esprit, lumière née de la lumière, tel que nous l’apprend le livre de l’Exode (7:1) :

« Et l’Éternel dit à Moïse : Vois, je t’ai établi Dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. »

Ce Bâton, nommé en Hébreu « Nahash Nahoshet », c’est-à-dire Serpent d’Airain (l’airain est une « Alliance » de cuivre Rouge – couleur de Feu – et d’Etain), est donc indissociable de la représentation que Moïse se fait de lui-même. C’est une profession de Foi, un concept de Théologie et de physique quantique.

Le Bâton est à la fois corps (Serpent), Âme (déchue) et Esprit (La Foi, l’Être Suprême), c’est Moïse qui se projette tout entier, sous tous ses aspects, dans ce Bâton. On nomme ainsi ce Bâton « Serpent d’Airain », en référence aux aigrettes de Feu Rouge (nous avons là également l’image du Buisson Ardent) qui s’élancent de la tête du Serpent, c’est-à-dire de la tête de Moïse.

Marc Chagall ne l’avait pas exprimé autrement, en attribuant à Moïse des « Cornes de Feu » semblables à des rayons lumineux (Michel-Ange y fait également référence). Ajoutons que l’Exégèse Biblique attribue de façon ininterrompue à Moïse la possession de ces aigrettes de Feu à partir de l’Exode (34:29-30) :

« lorsque Moïse descendit de la montagne de Sinaï, les deux tables du Témoignage étant dans la main de Moïse, […] Il ne savait point que la peau de son visage était devenue rayonnante, pendant qu’il parlait avec Dieu. Mais Aaron et tous les enfants d’Israël virent Moïse, et voici, la peau de son visage rayonnait, et ils craignirent d’approcher de lui. »

Moïse était devenu la manifestation de la Foi dans le monde, le Serpent flamboyant doté des deux aigrettes de Feu, une projection du Buisson Ardent, de Dieu lui-même. Il nous est ainsi donné de comprendre ce verset de Jean l’Evangéliste : (Jean 3:14)

« Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’Homme. »

Le Serpent qui gisait dans la poussière a été élevé, ce qui était tordu a été redressé. Moïse, de la tête duquel s’élancent désormais deux faisceaux de lumière, l’Esprit et l’Âme, apporte la preuve manifeste que la mort n’est point une finalité, mais un commencement.

Là où l’Âme soumise au pêché avait distillé le Venin du Serpent dans le genre humain, l’Esprit vivifie ce corps mortel voué à l’Hadès, et lui donne un écho dans l’Eternité. C’est ce qui a permis à l’Ecriture Sainte de dire : (Nombres 21:6)

« Et l’Éternel envoya parmi le peuple des serpents brûlants, qui mordirent le peuple, en sorte qu’un grand nombre d’Israélites moururent. (21:7) Alors le peuple vint vers Moïse, et ils dirent : Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi. Prie l’Éternel, pour qu’il éloigne de nous les serpents. Et Moïse pria pour le peuple. (21:8) Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu et le regardera, sera guéri. (21:9) Moïse fit donc un serpent d’airain, et il le mit sur une perche ; et il arriva que quand le serpent avait mordu un homme, il regardait le serpent d’airain, et il était guéri. »

Le Bâton de Moïse est à la fois la bouche béante de l’Hadès, et la porte des Cieux.

Il concentre en lui deux initiations : Celle d’Orphée, qui est un écho de la Faute Originelle.

Dans cette optique, nous voyons les Serpents Brûlants infecter de leurs morsures les Israélites, et les condamner ainsi à l’Enfer des anciens. Mais dans un second temps, il est également la manifestation du Salut, la source de vie à laquelle les Elus s’abreuveront dans l’Eternité.

Nous avons là la représentation saisissante de l’Etendard de Dieu, du signe de Victoire pour celui qui en comprend le sens profond. Trait d’union entre Dieu et les Hommes, victoire de l’Esprit sur le néant, le Bâton de Moïse est la certitude du Salut et de la Rédemption pour celui dont le regard est déjà porté dans l’Eternité.

Ainsi qu’il est écrit : (Ezéchiel 37:11) 

« Et il me dit : Fils de l’homme, ces os (ces Âmes), c’est toute la maison d’Israël. Voici, ils disent : Nos os sont devenus secs, notre espérance est perdue, c’en est fait de nous ! (37:12) C’est pourquoi prophétise, et dis-leur : Ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’ouvrirai vos tombeaux, et vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, et je vous ferai rentrer dans le pays d’Israël. (37:13) […] (37:14) Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous placerai dans votre pays, et vous saurez que moi, l’Éternel, j’ai parlé et agi, dit l’Éternel. »

La Mort est devenu le prélude à la Résurrection, et là où il n’y avait qu’Âme et corps, poussière née de la poussière, l’Esprit Divin ouvre les portes du Salut, et fait remonter des entrailles de l’Hadès le peuple captif de la Vallée des ombres et de la mort.

Il nous est donné ainsi d’embrasser dans sa plénitude ce passage de l’Exode relatif au Bâton de Moïse, et à la victoire que celui-ci remporte sur les serpents que les magiciens de Pharaon lui opposent : (Exode 7:1)

« Et l’Éternel dit à Moïse : Vois, je t’ai établi Dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. (7:2) Tu diras tout ce que je te commanderai, et Aaron ton frère parlera à Pharaon, pour qu’il laisse aller les enfants d’Israël hors de son pays. (7:3) Mais j’endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes miracles dans le pays d’Égypte. (7.8) Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, en disant : (7:9) Quand Pharaon vous parlera, et dira : Faites un miracle ; alors tu diras à Aaron : Prends ta verge et jette-la devant Pharaon ; et elle deviendra un serpent. (7:10) Moïse et Aaron vinrent donc vers Pharaon, et firent ainsi, comme l’Éternel l’avait commandé. Et Aaron jeta sa verge (il s’agit ici du Bâton que Moïse charge Aaron de jeter) devant Pharaon et devant ses serviteurs, et elle devint un serpent. (7:11) Mais Pharaon appela aussi les sages et les enchanteurs ; et les magiciens d’Égypte firent, eux aussi, la même chose par leurs enchantements. (7:12) Ils jetèrent donc chacun leur verge, et elles devinrent des serpents ; mais la verge d’Aaron engloutit leurs verges. »

Au simulacre de Salut par la réincarnation que professent les enchanteurs et les magiciens d’Egypte (conséquence de la Faute Originelle), Moïse oppose et proclame le Salut par la Foi. Il place dans un seul et même corps, dans un seul et même Serpent, une Âme et un Esprit. Aussi le Bâton de Moïse avale-t-il les autres serpents, qui, emplis de venin contre eux-mêmes, sont incapables de se redresser de la faute originelle, du péché et de la mort. Nous avons là la distinction entre l’antique Caducée et le Bâton de Moïse.

Le Signe de Moïse est enfin l’Etendard de la Victoire, le souffle puissant de Dieu, qui libère l’humanité de la captivité du Monde et de la tyrannie de Pharaon. Comme les Hébreux, nous sommes tous à notre façon les esclaves de Pharaon.

Le Royaume d’Egypte est par ses pyramides, et la multitude de ses sépultures, la personnification de cette vallée des ombres et de la mort, si bien décrite par Ezéchiel. Que l’on y songe : Nous sommes tous captifs du tombeau et de « l’âme incestueuse » de Pharaon qui aspire plus que tout à se projeter d’une génération à une autre dans un monde fait de poussière (doctrine de la réincarnation).

Pharaon est l’image parfaite de l’Ouroboros, il élève l’inceste et la perversion en mode de gouvernement.

C’est en asservissant, et en mutilant tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus noble dans l’Esprit humain, qu’il s’assure ainsi dans le monde le prolongement nécessaire à son odieuse tyrannie.

A contrario, le Bâton de Moïse est la Porte des Cieux, l’indomptable certitude qu’un Plan Divin préside à la destinée humaine. Dieu créa le monde, ainsi que nous le fait connaître la Genèse, en séparant les eaux du dessous des eaux du dessus, c’est-à-dire les océans des cieux, et la connaissance du Mal de la connaissance du Bien.

En usant du Bâton de Moïse, le souffle du Créateur fendit les eaux au passage de la Mer Rouge. Comme un écho à la création du Monde, il ordonne en quelque sorte : « Que la lumière soit ! », que le chaos se courbe sous le poids de mon Esprit, que l’ordre et la justice émergent du néant.

Aussi est-il écrit : (Exode 14:15) 

« Et l’Éternel dit à Moïse […] (14:16) Et toi, élève ta verge, et étends ta main sur la mer, et fends-la ; et que les enfants d’Israël entrent au milieu de la mer, à sec. (14:21) Or, Moïse étendit la main sur la mer, et l’Éternel refoula la mer, toute la nuit, par un fort vent d’Orient ; et il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. (14:22) Et les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux leur formaient une muraille à leur droite et à leur gauche. »

Il n’y a pas de renoncement pour le juste et c’est non pas à genoux, mais mordant la poussière qu’il implore la miséricorde de l’Eternel. Dans un monde fait de néant où il n’y a que des ruines, et où les ruines elles-mêmes ne sont que poussière, Dieu se joue de Pharaon, et manifeste ainsi sa gloire par le Bâton de Moïse.

Avertissement relatif à la mention de Marie Madeleine:

Il n’y a ici aucune allusion ou référence à l’idée d’un mariage secret qui aurait uni le Christ et Marie Madeleine. La thése développée ici est trés éloignée de cette théorie. Nous soulignons au contraire ici que le texte Biblique trace un paralléle entre Adam et Eve et le Christ et Marie Madeleine, dans le seul but de d’affirmer qu’une inversion entre les débuts de l’humanité et la rédemption Christique s’est produite, irréverssiblement.

Là où Adam et Eve étaient unis par la chair, dans la vie terrestre, le Christ et Marie Madeleine communient par l’Esprit après la mort.

Le Bâton de Moïse – Le Nehustan de Moché ben Amram
D’après la bible, le bâton en bois que portait Moïse lui aurait permis de réaliser des prodiges ; en 2000, un chasseur de légendes britannique s’est lancé à la recherche de l’objet…


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